Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/371

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votre fils, et si j’agissais comme vous me le conseillez, je ne serais plus le juste que vous cherchiez.

— C’est vrai, répondit le médecin, en se résignant et en poussant un grand soupir...

Et il revint alors chez lui, mit ordre à ses affaires, appela le curé de sa paroisse et mourut trois jours après, comme le lui avait prédit son compère la Mort.

(Conté par J. Corvez, de Plourin, Finistère, 1816.)


La légende de l’Homme Juste n’est pas particulière à la Bretagne. Comme presque tous les vieux récits populaires, on la trouve un peu partout, plus ou moins complète, plus ou moins altérée.

Elle se trouve dans Grimm (Contes des enfants et de la maison, n° 44), sous le titre de la Mort et son Filleul, conte hessois. Commencement analogue à celui de la version bretonne. Le pauvre refuse successivement comme parrain le bon Dieu et le diable, et accepte enfin la Mort. Celle-ci fait de son filleul un grand médecin. Elle lui indique une certaine plante qui guérira certainement les malades quand il la verra, elle, la Mort, au chevet du lit. Si, au contraire, elle se tient au pied du lit, il n’y a rien à faire : le malade ne peut être sauvé. Le filleul, improvisé médecin, devient riche et célèbre. Appelé près du roi malade, il voit la Mort au pied du lit. Alors, il retourne le lit de manière à ce que la Mort se trouve au chevet, et le roi guérit. La Mort, quoique très-mécontente, lui pardonne pour cette fois ; mais, ayant recommencé le tour pour la princesse, malade aussi, elle le conduit dans une sorte de caverne, où il voit une multitude de lumières, etc.

Le reste comme dans le conte breton.