Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/38

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— Je veux vous donner quelque chose, ma brave femme, pour vous remercier de votre hospitalité.

— Nous ne nous attendons à rien, mes bons seigneurs, répondit la femme, et ce que nous avons fait, nous l’avons fait de bon cœur, au nom de Dieu et en regrettant de ne pouvoir faire davantage.

— Je n’ai pas d’argent à vous donner, reprit notre Sauveur ; mais je prierai Dieu pour vous, et j’espère qu’il exaucera ma prière. Je lui demande donc de m’accorder que vous puissiez continuer de faire, durant toute la journée, jusqu’au coucher du soleil, la première chose que vous ferez après notre départ.

— J’ai là un peu de toile, répondit la femme, pour faire des chemises à mes enfants, mais trop peu, hélas ! et comme le tailleur doit venir demain, je veux la passer à l’eau ce matin, puis la faire sécher, puisque le temps est beau.

Les trois voyageurs partirent là-dessus, et la femme du sabotier prit sa toile et se dirigea vers un ruisseau qui coulait dans le voisinage. Elle mit la toile dans l’eau, la trempa bien, la secoua dans tous les sens, puis elle la tira à soi. Mais, ô miracle ! elle avait beau tirer de la toile de l’eau, cela n’en finissait pas ; il y en avait toujours, et encore… encore !… Et elle continua ainsi jusqu’au