Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/66

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— Assez ! cessez, je vous en prie ! vous me rendrez tout à fait aveugle !

C’est ce qu’il fit, en effet, et si la princesse voyait peu auparavant, à présent elle ne voyait plus du tout. Jugez de la colère du roi ! Porpant fut jeté dans une basse-fosse, en attendant qu’on le fît mourir, le lendemain.

Un peu avant l’heure fixée pour son supplice, le prédicateur étranger (notre Sauveur) arriva au palais avec ses deux compagnons, et il parla ainsi au roi :

— Mettez en liberté l’homme que vous avez fait jeter en prison hier, et je rendrai la vue à la princesse.

Le roi répondit :

— Commencez par rendre la vue à ma fille, car je n’ai plus aucune confiance en la science des médecins.

Notre Sauveur se contenta de toucher du bout des doigts les yeux de la princesse et de lui dire :

— Regardez ; ne voyez-vous pas ?

— Oui, je vois ! je vois !.... s’écria-t-elle en levant ses mains et ses yeux vers le ciel.

Et aussitôt la joie succéda à la tristesse dans tout le palais.

Porpant fut alors remis en liberté, et notre Sauveur lui dit :

— Retournez chez vous, Porpant ; soyez chari-