Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/72

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Et il fallut que Philippe, à son grand regret, mît le feu à la chapelle. Mais l’incendie se propagea avec tant de rapidité qu’il ne put sortir, et il y périt. Tout fut réduit en cendres, en un clin-d’œil.

— Le pauvre Philippe ! dit alors notre Sauveur. Mais voyons si nous ne trouverons aucun débris de lui, quelque ossement calciné.

Et ils se mirent à chercher tous les trois parmi les cendres. Notre Sauveur trouva un os calciné, qui avait la forme d’une cuiller à manger de la soupe, et il le mit dans sa poche. Puis ils se remirent en route. Ils n’étaient plus que trois. Quand la nuit vint, ils demandèrent à loger chez un riche fermier. Ils y furent bien accueillis, et on leur prépara à chacun une écuellée de soupe pour leur souper. Comme la servante leur présentait leurs écuelles :

— Tiens ! dit-elle, vous êtes trois, et je n’ai pris que deux cuillers ; je vais en chercher une troisième.

— Ce n’est pas la peine, dit notre Sauveur ; moi, j’ai ma cuiller avec moi, dans ma poche.

Et il tira de sa poche l’os qu’il avait recueilli parmi les cendres de la chapelle incendiée et qui avait pris la forme d’une cuiller. Puis il demanda à la servante :

— La soupe est-elle bonne ?