— Eh bien ! mon beau-père, vous venez sans doute pour assister à notre noce ? Nous vous attendions.
— Insolent ! répondit le roi, furieux, je te ferai pendre, comme un manant que tu es !
— Sire, dit alors l’archevêque, qui voyait qu’il y avait de la magie dans l’affaire, et qu’ils n’étaient pas de force à lutter, — sire, je vous conseille de donner votre consentement à leur mariage.
— Jamais ! J’aimerais mieux mourir ! répondit le vieux roi.
Et il tourna le dos à Jannig et à sa fille.
— Eh bien ! dit tranquillement Jannig, en tirant sa flûte de sa poche, vous danserez, alors, beau-père.
Et il commença de souffler dans sa flûte. Et aussitôt, voilà tout le monde d’entrer en danse, les ambassadeurs, les officiers, les soldats, et le vieil archevêque, et le roi lui-même. Tous tournaient, sautaient et gambadaient, pêle-mêle, se heurtant, se bousculant, sans pouvoir s’arrêter. L’archevêque et le roi n’aimaient guère ce jeu, contraire à leur âge et à leur dignité ; mais il fallut danser quand même. « Assez ! assez ! grâce ! grâce ! » criaient-ils. Enfin, Jannig eut pitié d’eux ; il cessa de souffler dans sa flûte, et la danse s’arrêta.