Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/104

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dant l’hospitalité pour la nuit, comme les mendiants errants qui courent le pays, et nous avons été si touchés de sa situation, la voyant si jolie, si jeune et si douce, que nous l’avons gardée comme servante. Et certes, nous ne le regrettons pas, car jamais nous n’avons connu de fille aussi, laborieuse, aussi affectueuse et surtout aussi pieuse : c’est une vraie sainte.

Puis on lui raconta le miracle qui se passait, chaque nuit, dans la chambre de Déodié, lorsqu’elle se mettait dans le feu, sans en éprouver aucun mal.

À ce récit, le seigneur fut ému et touché, et une voix lui disait au fond du cœur : « C’est ta fille ! »

Il fit venir Déodié en sa présence, et reconnaissant en elle le véritable portrait de sa mère, il s’écria :

— C’est ma fille Déodié !

Et il la pressa sur son cœur en pleurant de joie et de bonheur. Puis il l’emmena avec lui à son château. La marâtre, qui avait aussi une fille d’un premier mariage, feignit d’être heureuse de son arrivée ; mais, au fond du cœur, elle la détestait. Nuit et jour elle cherchait le moyen de se débarrasser d’elle. Son mari s’étant trouvé dans la nécessité de s’absenter pour un voyage assez lointain, elle saisit cette occasion pour mettre à