Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/105

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exécution son exécrable projet. Elle alla trouver une sorcière de ses amies, qui habitait dans un bois voisin, et la pria de lui rendre le service de lui indiquer un moyen de se débarrasser de la fille de son mari, qu’elle soupçonnait d’être sorcière elle-même, puisqu’elle se mettait impunément dans le feu.

— Elle est sans doute protégée par quelque autre fille de Lucifer, dit la sorcière ; mais, soyez tranquille, j’en sais plus long qu’elles toutes, et je vous rendrai le service que vous désirez.

Et, remettant à la marâtre une chemise enduite de résine, elle lui dit :

— Prenez cette chemise ; faites-la revêtir à la jeune fille, puis allumez un bûcher dans la cour du château, et jetez-la dans le feu, et vous verrez si elle en sortira sans mal.

La marâtre revint, toute joyeuse, emportant la chemise enduite de résine. Dès en arrivant au château, et sans perdre de temps, elle fit construire un bûcher dans la cour ; puis, quand il fut prêt et qu’on y eut mis le feu, elle fit revêtir à Déodié la chemise donnée par la sorcière et ordonna alors à ses valets de jeter la jeune fille dans le bûcher ardent. Ce qui fut fait. Mais la sainte fille ne s’en effraya pas, et on la voyait au milieu des flammes, tranquille et souriante, et lisant le petit livre rouge de sa mère ; et quand