Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/109

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emportant dans sa bouche un poulet cuit. Il le suivit à distance et le vit entrer dans un trou qui pénétrait sous les racines d’un vieux chêne. Il s’approcha de l’arbre et entendit une voix de femme qui disait :

— Ah ! mon pauvre ami, que je t’ai de reconnaissance ! Sans toi, je serais morte de faim depuis longtemps. Ah ! si mon père pouvait savoir dans quel état je suis ici ! Heureusement que j’ai encore le petit livre de ma mère, pour me consoler et me préserver des reptiles venimeux qui avaient établi ici leur séjour et que sa présence a suffi pour chasser.

Le seigneur, ayant entendu ces paroles, courut au château et en revint aussitôt, accompagné de valets armés de cognées. Il leur donna l’ordre d’ouvrir le tronc de l’arbre, avec toutes les précautions possibles, ce qu’ils firent, et le père retrouva sa fille chérie Déodié ; mais dans quel état, bon Dieu ! Elle n’avait pour tout vêtement que ses cheveux, qui étaient fort longs. Il y avait si longtemps qu’elle n’avait vu la lumière du jour, qu’elle ne pouvait tenir les yeux ouverts, quand on la retira de sa prison.

Son père la ramena au château et la présenta dans cet état à sa marâtre, en lui demandant :

— Quel supplice demandez-vous pour votre marâtre et son amie la sorcière ?