Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

a été commis par un autre ! Aussi, s’il est condamné, je quitte aussitôt mon ermitage, et je renonce à la pénitence et aux austérités de la vie que je mène ici, depuis longtemps, puisque je n’en serais sans doute pas récompensé.

Le fermier de Kérisec’h fut condamné à mort et exécuté, peu de temps après.

Quand l’ermite apprit cela, il fit comme il avait dit : il quitta son ermitage dans le bois et se mit à voyager. Comme il allait par le chemin, triste et rêveur, il rencontra un jeune homme qu’il ne connaissait pas, et qui l’aborda et lui dit :

— Salut, mon père ermite ; où allez-vous ainsi ?

— Je vais voyager dans le monde.

— Vous abandonnez donc votre ermitage ?

— Oui. À quoi sert, en effet, de prier et de faire pénitence, puisque Dieu n’est pas juste ?

— Comment osez-vous parler de la sorte, mon père ermite ?

— Et pourquoi ne parlerais-je pas de la sorte, puisque le fermier de Kérisec’h a été mis à mort pour un crime qu’il n’a pas commis ?

— Dieu, mon père, sait la vérité, et s’il a permis que le fermier de Kérisec’h fût mis à mort, c’est qu’il l’avait sans doute mérité.

— Arrive que pourra, je ne veux pas mener la vie d’ermite plus longtemps, et je vais voyager