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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/18

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pour chercher l’explication des injustices que je vois dans le monde.

— C’est bien ; mais voulez-vous me permettre de faire route avec vous ?

— Volontiers, car mieux vaut avoir un compagnon de voyage qu’être seul en route.

Les voilà donc voyageant de compagnie. Ils logèrent, la première nuit, dans la maison d’un seigneur riche et qui n’avait qu’un enfant en bas âge. C’était un enfant gâté, et son père et sa mère faisaient toutes ses volontés et le regardaient en quelque sorte comme leur dieu. Pendant leurs prières même, leur esprit était uniquement occupé de lui.

À l’heure où tout le monde était couché et dormait dans la maison, le compagnon de route de l’ermite quitta son lit, se dirigea avec précaution vers le berceau de l’enfant et l’étouffa, sans qu’il fît entendre un seul cri, et personne n’en sut rien, pour le moment, pas même l’ermite.

Le lendemain, les deux voyageurs se levèrent de bon matin et partirent. Quand ils furent à quelque distance de la maison où ils avaient passé la nuit, l’inconnu dit au vieillard :

— Vous ne savez pas, mon père, ce que j’ai fait, la nuit passée ?

— Qu’avez-vous donc fait ?

— À l’heure où tout le monde dormait, vous-