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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/199

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Gwilherm se releva alors, un peu consolé, et, avant de quitter Rome, il distribua tout son argent aux pauvres, puis il se remit en route vers son pays. Tous ceux qui le voyaient sur leur passage, avec son horrible bête sur la figure, s’éloignaient de lui avec frayeur, et, comme il n’avait plus d’argent, personne ne voulait lui donner l’hospitalité, ni à manger, et il couchait à la belle étoile et ne vivait que d’herbes, de racines et de quelques fruits sauvages qu’il trouvait dans les campagnes et dans les bois.

Enfin, après des privations et des souffrances inouïes, il arriva dans son pays, les vêtements en lambeaux, la barbe et les cheveux longs et incultes, maigre et décharné, comme un mort sorti de sa tombe au cimetière. Il alla se jeter aux pieds de son père et de sa mère, et les pria de lui pardonner. Les deux vieillards le reconnurent, malgré tout, et le pressèrent sur leur cœur, sans faire attention au crapaud. Alors l’horrible bête se détacha de sa figure, sauta à terre et disparut dans un trou de muraille.

Gwilherm, ses parents et sa femme vécurent ensuite ensemble, dans une union parfaite, et la richesse revint aussi avec l’ordre et l’amour filial.


(Conté par une fileuse de Pluzunet, Côtes-du-Nord,
nommée Anna Luër, 1872.)