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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/21

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pour faire pénitence. Les deux ermites se saluèrent[1] :

— Salut à vous, mon frère ermite, dit le voyageur.

— Je vous salue, mon frère, répondit l’autre, qui le reconnut ; où allez-vous de la sorte ?

— Je vais voyager dans le monde, mon frère.

— Quoi ! vous renoncez donc à la solitude et à la pénitence ?

— Oui ; à quoi bon, en effet, mener une vie si dure et sans espoir de récompense, puisque Dieu n’est pas juste ?

— Dieu ! que dites-vous là, mon frère ? Il faut que vous ayez perdu la tête, pour parler de la sorte. Que vous est-il donc arrivé ?

— Non, je n’ai pas perdu la tête, mon frère, et je vous le répète : Dieu n’est pas juste, puisqu’il a permis que le fermier de Kérisec’h ait été mis à mort pour un crime dont il était innocent. Je le sais bien, moi, car j’ai tout vu, du seuil de mon ermitage, et je connais l’assassin ; mais vous savez que je ne puis le dénoncer. Quittez donc votre ermitage, et venez avec nous.

— Non, mon frère ; je ne suivrai pas votre

  1. Ma conteuse semble avoir interverti l’ordre des épisodes, car, dans toutes les autres versions que j’ai lues de cette légende, c’est celui du vieil ermite amoureux de sa coupe qui vient le premier.