Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/241

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quitter la maison» si elle ne cessait de l’obséder à ce sujet.

Françoise ne renonça pas pour cela, et, à quelques jours de là, elle dit encore à Jeanne :

— Il faut que je sache le secret de ton mari, et voici ce que j’ai imaginé, pour y arriver : laisse-moi aller coucher avec lui, une de ces nuits, pendant une heure seulement, et je saurai le faire parler.

— Y songes-tu, ma sœur ? Je ne puis faire cela, répondit Jeanne.

— Rassure-toi, et sois bien convaincue, ma sœur chérie, que tout se passera en tout honneur et toute honnêteté.

— Mais cela n’est pas possible ; il te reconnaîtra tout de suite.

— Non ; voici comment nous nous y prendrons : quand vous serez couchés tous les deux ensemble, tu te diras indisposée et sortiras. Un moment après, je me glisserai dans le lit, et comme il n’y aura pas de lumière dans la chambre, ton mari croira que ce sera toi, et je ferai mon possible pour connaître son secret, puis, lorsque je le tiendrai, je prétexterai aussi une indisposition, afin de sortir, et alors tu retourneras auprès de lui, et de la sorte il ne saura rien de ce qui se sera passé entre nous.

Jeanne y consentit, pour contenter sa sœur,