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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/279

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Le vieux roi faisait en tout la volonté de la reine et n’osait lui résister en rien[1].

La pauvre Marguerite ne se plaignait jamais, et, tout le long du jour, on l’entendait qui chantait, sur la lande, ses prières et quelques cantiques pieux qu’elle savait. Elle avait dans son troupeau un petit agneau blanc qu’elle affectionnait particulièrement, et elle lui parlait comme s’il la comprenait, et, au printemps, elle l’ornait de fleurs, et l’agneau la suivait partout.

Un jour qu’elle chantait et jouait comme d’habitude avec son seul ami, un seigneur qui chassait dans les environs entendit sa voix fraîche et claire, et s’arrêta pour l’écouter, puis il se dirigea vers elle et lui dit :

— Bonjour, jeune bergère ; vous avez le cœur gai, à ce qu’il paraît.

— Le temps est beau, monseigneur, et j’ai du plaisir, aujourd’hui, à garder mes moutons sur la lande.

Le seigneur causa avec elle quelque temps, et il fut si enchanté de sa conversation et la trouva aussi si jolie, qu’il lui demanda si elle voulait se marier avec lui.

  1. Dans les contes similaires, c’est ordinairement une marâtre qui favorise sa fille, laide et méchante, au détriment de la fille de son second mari, jolie, bonne et douce de caractère. Il y a sans doute altération du thème primitif de la part de la conteuse.