Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/281

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mourir mon cher petit agneau blanc, qui n’a jamais fait de mal à personne !

Et le petit agneau se frottait contre la belle dame en bêlant : bééé ! bééé !

— Quand la chère bête sera morte, reprit la dame, demandez qu’on vous donne sa tête et ses quatre pieds. Je reviendrai vous voir et vous dirai l’usage que vous devrez en faire.

Alors la belle dame se retira, et Marguerite se mit à presser son petit agneau blanc sur son cœur et à le baiser, en versant des larmes.

Le vieux roi survint en ce moment et lui dit :

— Hélas ! mon enfant, il vous faudra vous séparer de cet ami si cher, car demain il sera mis à mort.

— Jésus, mon père, que me dites-vous là ? C’est mon seul compagnon et mon seul ami sur la terre, et vous voulez me l’enlever !

— Je ne puis plus résister aux obsessions de la reine, qui me demande sans cesse de le faire mettre à mort ; tantôt elle me disait encore : « Comme cet agneau doit être tendre et serait bon à la broche ! Nous avons, après-demain, un grand diner, et nous le mangerons rôti. »

— Mon père, vous êtes le maître, et vous en disposerez comme il vous plaira ; mais, si vous le faites mettre à mort, je vous demande en grâce de me donner sa tête et ses quatre pieds.