Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/284

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— C’est la tête et les pieds de mon petit agneau blanc, que j’ai plantés en terre, mon père. Venez voir mes belles poires, mes belles pommes et ma belle fontaine.

Et elle conduisit son père jusqu’aux arbres. Le vieux roi voulut cueillir des pommes et des poires ; mais les branches s’élevaient d’elles-mêmes quand il essayait de les atteindre, et il fallut que Marguerite lui cueillît une pomme et une poire de chaque arbre.

Ils allèrent alors à la fontaine, et Marguerite y puisa avec la tasse d’argent, et la présentant au vieillard, elle lui dit :

— Buvez, mon père.

Le roi but et trouva l’eau délicieuse.

Marguerite remplit une seconde fois la tasse, et la lui présentant encore :

— Buvez, à présent, un peu de vin, mon père.

— Du vin, ma fille ! où donc ?

— Du vin de ma fontaine, mon père ; buvez, et voyez.

Le roi but la tasse tout d’un trait, puis une seconde et une troisième, si bien qu’il se trouva ivre et s’en retourna au palais en titubant et en chantant.

Quand la reine le vit revenir dans cet état :

— Où avez-vous été vous soûler de la sorte ? lui demanda-t-elle d’un ton aigre.