Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— J’ai été voir ma fille Marguerite, sur la grande lande.

— Oui, et vous lui avez porté du vin, et vous vous êtes enivrés ensemble.

— Non, vraiment, je ne lui ai pas porté de vin, et ce que j’ai bu a été puisé à une fontaine, une fontaine de vin qui est dans la grande lande ; il faut que vous voyez cela et que vous en buviez vous-même.

— Que dites-vous là ? Vous vous moquez de moi ; mais je vais à l’instant voir votre fille sur la lande, où je la trouverai sans doute dans un bel état.

Et la reine courut aussitôt à la grande lande. Mais quand elle vit la fontaine et les quatre arbres couverts de beaux fruits, elle resta un moment immobile et la bouche ouverte d’étonnement. Elle crut que Marguerite était sorcière, si bien qu’elle eut peur et lui parla avec douceur :

— Jésus ! mon enfant, les belles choses ! et comme vous devez vous trouver bien ici !

— Oui, vraiment, ma mère ; venez goûter mes fruits.

Et elle la conduisit aussi jusqu’aux arbres, et comme les branches s’élevaient encore d’elles-mêmes quand la reine voulait les atteindre, Marguerite lui cueillit des pommes et des poires,