Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/315

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jeune et si jolie, on l’avait prise, par pitié, afin qu’elle ne fût pas seule et sans protection par le monde, exposée à toutes sortes de dangers. Du reste, on était très-content d’elle ; elle était laborieuse, pieuse, et pleine de douceur et de soumission.

Le seigneur, de plus en plus intrigué, demanda qu’on la fît venir en sa présence. On la lui amena, toute timide et rougissante, et il lui demanda :

— Qui êtes-vous, mon enfant, et de quel pays ?

— Je suis la fille d’un roi, répondit-elle en baissant les yeux.

— La fille d’un roi !... Mais de quel roi donc ? Et pourquoi, alors, avez-vous quitté la maison de votre père ?

Elle tint ses yeux fixés à terre et ne répondit pas.

Le seigneur fut si charmé de sa beauté et de son maintien, qu’il devint amoureux fou d’elle et voulut l’épouser sur le champ. Bref, on fixa le jour du mariage, et des invitations furent envoyées de tous les côtés. On invita tout d’abord le roi et la reine, car ce seigneur était un des plus riches et des plus puissants du royaume. Ils vinrent au jour convenu, comme tout le monde, et en grand équipage.

Lorsque le père de Marie fut de retour du voyage dont il a été parlé plus haut, la reine lui