Aller au contenu

Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/330

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

relever, on le trouvait mort. On s’entendit pour demander au capitaine que Goulven y fût aussi envoyé à son tour, comme les autres. Le capitaine fut obligé de céder, bien qu’à regret, et Goulven fut désigné pour aller monter la garde dans la vieille église. Il se munit d’un flacon d’eau-de-vie et partit, quand l’heure fut venue. Il se mit à se promener d’un bout à l’autre bout de l’église, l’oreille au guet, les yeux bien ouverts et l’arme au bras. Il faisait clair de lune. Tout d’un coup, il vit apparaître à côté de lui, sans qu’il sût d’où elle était venue, une petite vieille, appuyée sur un bâton (c’était la même qui avait procuré l’herbe merveilleuse à Ancien-la-Chique).

— Eh bien ! mon pauvre garçon, dit-elle, te voilà bien embarrassé et bien inquiet !

— Oui, en vérité, grand’mère, bien que je ne sois pas un poltron, répondit Goulven.

— Rassure-toi, mon fils ; je viens à ton secours.

— Prenez une goutte de cette liqueur, grand’mère, pour vous réchauffer le sang.

Et Goulven versa plein le verre d’eau-de-vie ; mais, comme il n’y avait qu’un verre, la vieille lui dit :

— Je veux trinquer avec toi, mon fils, et tu n’as qu’un verre.

— Je n’en ai qu’un, en effet, répondit Goul-