Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/352

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Et en effet, ce matin-là même, au point du jour, le bonhomme L’Ahellec mourut, après une longue et douloureuse maladie.

— Beaucoup de personnes, dit Jolory, prétendent avoir vu ou entendu Caric ann Ankou, et croient que, toujours, il annonçait sûrement une mort prochaine là où on le voyait ou l’entendait. Certains oiseaux aussi sont réputés messagers de mauvaises nouvelles, et un hibou piaulant sur la cheminée ou le toit d’une maison, un corbeau passant, la nuit, devant une fenêtre en jetant son cri lugubre, sont, nous assure-t-on, l’indice certain qu’un cercueil ne tardera pas à sortir de cette maison. Mais quel est celui de nous qui, heureusement, n’a pu, maintes fois et avec raison, accuser ces oracles de mensonge ?

Laouic Mihiec, le garçon vacher, dit avoir vu les lavandières de nuit lavant leurs linceuls au clair de la lune, sur l’étang du moulin de Pont-Meur, et le bruit de leurs battoirs retentissait dans la vallée comme des coups de canon.

— Malheur au voyageur attardé, dit Fanch ar Moal, qui, se rendant à leurs prières, les aide à tordre leur linge, car, s’il n’a pas la précaution de tourner dans le même sens qu’elles, elles lui tordent les bras, puis tout le corps, et le lendemain matin, on le trouve mort au bord du douet. C’est ce qui arriva au malheureux Gabic Cloarec,