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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/355

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sant au triple galop, au plus fort d’un orage. Il montait à rebours un cheval noir, qui faisait feu et flamme de ses quatre pieds, des yeux et des naseaux, et se dirigeait vers le Vieux-Marché, pour y happer sans doute l’âme de quelque grand pécheur à l’agonie.

— Moi, dit Jannic Bihan, une nuit que je cherchais une vache égarée dans le bois de châtaigniers, j’ai vu une chandelle allumée près de la fontaine de Keranborn, et, tout auprès, une belle fée en robe blanche, assise au bord de l’eau, et qui peignait ses cheveux avec un peigne d’ivoire.

— Et le lutin de Keranborn, ne l’as-tu pas aussi vu ? lui demanda Fanch ar Moal.

— Non, je ne l’ai pas encore vu, mais on m’a dit qu’il loge sur le grenier de la grande grange, et je me garderai bien d’y aller voir.

— Depuis longtemps on ne l’a pas vu, dit Jolory ; autrefois, il se montrait plus souvent ; du reste, les lutins sont généralement inoffensifs et rendent de grands services, dans les fermes, soignent les chevaux et les bœufs, et ne les laissent manquer de rien la nuit. Mais il ne faut pas leur jouer de mauvais tours, par exemple. À Rune-Riou, il y avait — et il n’y a pas encore longtemps de