Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/49

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Mais ils ne croyaient pas à un changement si extraordinaire.

La nouvelle châtelaine se leva alors, parla à chacun et à chacune avec douceur et bienveillance, et il leur fallut alors croire au miracle.

On en écrivit aussitôt au seigneur châtelain, et il se hâta d’accourir et fit célébrer son mariage avec la nouvelle compagne que Dieu lui envoyait.

Au bout de quelques mois qu’ils étaient ensemble, heureux autant qu’on peut l’être sur la terre, ils voulurent voyager, pour voir du pays et des choses curieuses. Comme ils passaient un jour dans un pauvre village, une femme presque en haillons, qui lavait son linge au bord d’un ruisseau, jeta là son battoir et se mit à courir après leur carrosse, en criant au cocher :

— Arrête ! arrête, Jean !…

Le seigneur mit la tête à la portière, et, ayant reconnu sa première femme, il dit au cocher :

— Fouette ! fouette !... au grand galop !...

La méchante, ne pouvant suivre, fut obligée de retourner à l’échoppe du cordonnier, et comme elle arriva en retard et que l’heure du repas était passée, il lui fallut exécuter la danse du bâton.

De cette façon, la femme méchante et laide se