Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/92

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une servante alla lui faire part de ce qui se passait.

Aussitôt elle se leva de table et vint trouver le mendiant. Elle ne le reconnut pas, et elle lui demanda :

— Que désirez-vous, cher pauvre de Dieu ?

— J’ai faim, et je demande à manger.

Elle lui présenta du pain blanc, du lard et du rôti.

— Ce n’est pas de cela qu’il me faut, dit le vieillard.

— De quoi donc, mon frère ? Dites hardiment ; je vous donnerai ce que vous désirerez ; entrez, et voyez ce qui vous plaira.

Le vieux mendiant entra dans la cuisine ; mais, au lieu de s’arrêter devant la table qui y était, couverte de toutes sortes de viandes et d’autres mets, il alla droit à l’armoire où Touina avait mis son fils mort, et dit :

— Je veux un morceau du mets qui est là, dans cette armoire.

— Il n’y a là rien à manger, cher pauvre de Dieu.

— Je veux un morceau de ce qui y est, vous dis-je. Ne m’avez-vous pas dit que vous ne me refuseriez rien de ce que je vous demanderais ? Ouvrez l’armoire.

Touina, étonnée, regarda le mendiant en face