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Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/120

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jour, trouve-toi sur ce rocher que voilà, et je viendrai t’y prendre ; et n’y manque pas, car en quelque lieu que tu sois, une fois les sept ans expirés, je saurai bien te trouver, et malheur à toi, s’il me faut aller te chercher ! Maintenant, tu peux jeter tes filets à l’eau, quand tu voudras.

Le cavalier partit alors, au grand galop, emportant le parchemin.

Kaour Gorvan, impatient de vérifier ses promesses, jeta ses filets à l’eau, et les en retira chargés à se rompre. Il les jeta une seconde, une troisième fois, et toujours il amenait en abondance les plus beaux poissons. Sa barque en fut vite pleine, et il retourna à la maison, tout joyeux, ce qui ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps, et ne songeant plus au sombre pacte qu’il venait de signer. Il sifflait et chantait, en se dirigeant vers sa pauvre cabane, située sur le rivage, et sa femme et ses enfants, en l’entendant, vinrent à sa rencontre, en se disant : — Il faut que le père ait fait une bonne pêche, aujourd’hui !

— Allons, femme, allons, enfants, à l’ouvrage ! aidez-moi à décharger le bateau, vous voyez qu’il est plein à couler ! cria Kaour, en abordant.

Et la femme et les enfants sautèrent dans le bateau, en poussant des cris de joie. — Voyez mère, comme il y en a ! et comme ils sont beaux ! s’écriaient les enfants.

Ce soir là, on soupa bien dans la cabane du