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Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/124

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— Bonjour, mon enfant ; mais suis-je bien ton oncle ?

— Oui : n’avez-vous pas, à Morlaix, un frère pêcheur nommé Kaour Gorvan ?

— C’est vrai, mon enfant, j’ai à Morlaix un frère pêcheur nommé Kaour Gorvan.

— Je suis son plus jeune fils, et je lui ai demandé la permission de venir vous faire visite.

L’ermite l’embrassa, en pleurant de joie, puis il lui demanda :

— Comment se porte mon frère Kaour ? Est-il heureux et aimé de Dieu ?

— Mon père se porte assez bien, mais, depuis quelque temps, il paraît avoir beaucoup de chagrin. Je ne sais pas bien qu’elle en est la cause, mais, je suis venu, mon oncle, vous prier de me garder auprès de vous quelque temps, pour m’instruire dans l’art de soulager les afflictions du corps et celles de l’âme, afin de pouvoir consoler mon pauvre père.

— Hélas ! mon pauvre enfant, la vie que je mène ici n’est pas faite pour toi. Jette un regard dans ma hutte et vois comme elle diffère des habitations ordinaires des hommes, même les plus pauvres.

— Mon père m’a déjà prévenu à ce sujet et n’a pu me retenir. Prier constamment, n’avoir pour toute nourriture que des racines d’herbes et quelques fruits sauvages, coucher sur la terre nue, tout cela ne m’effraye pas, mon oncle.