Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/133

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une de ses baguettes, et les trois marches s’y dessinent aussitôt. Il monte ensuite sur le sommet, allume ses deux baguettes, les place debout sur la pierre, une de chaque côté de lui, comme deux cierges, puis, il attend, avec confiance, en voyant que tout se passait, jusqu’alors, comme lui avait prédit le vieil ermite. Bientôt, il entend le bruit des pieds d’un cheval lancé au grand galop, et il voit venir à lui, du côté du couchant, un cavalier tout rouge et qui paraissait être au milieu des flammes, peut-être par l’effet du soleil couchant. Le cheval s’arrête au pied du rocher et le cavalier, ayant examiné Mabik, lui dit :

— Il me semble que tu n’es pas celui que je croyais trouver là ?

— Je suis venu à la place de mon père, si cela vous est égal ?

— Après tout, le père ou le fils, peu m’importe, et une âme en vaut une autre. Allons, descends, vite, de là ; viens ici, en croupe, et partons, car on t’attend là-bas.

— Je vous appartiens, je le reconnais, mais vous viendrez bien me prendre ici, si vous tenez à m’avoir.

Le diable, qui se doutait qu’on voulait lui jouer quelque tour, en voyant les trois marches dans le rocher et surtout les deux cierges allumés, ne se souciait pas de descendre de son cheval et, le prenant sur un autre ton :

— Il y a là-bas une grande fête, festin magnifique, musique, danses, le tout en ton