Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/139

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— Tu as interrompu mon voyage, mais j’y retourne, à l’instant.

— Pour combien de temps, maître ! Revenez le plus vite possible.

— Pour six mois.

— C’est bien long, six mois ! Donnez-moi au moins quelqu’un, homme ou femme, ou même un animal, pour me tenir société, pendant votre absence, car autrement je mourrai d’ennui, ici, ou ne pourrai observer vos recommandations.

— Je le veux bien. Tu trouveras, à l’extrémité de l’avenue de chênes, une ânesse maigre et décharnée et dont les oreilles sont traversées par une épingle, qui les réunit par les pointes. Tu retireras cette épingle, et aussitôt l’ânesse deviendra une belle princesse. C’est la fille du roi d’Écosse, qui a été punie ainsi de sa désobéissance. Tu pourras te promener et converser avec elle, à loisir, mais, sans jamais la toucher, même du bout des doigts, autrement, j’arriverai à l’instant, et alors, plus de pardon pour toi ; vous seriez changés tous les deux en deux chiens de pierre, un de chaque côté de la porte de la cour.

Le géant remonta alors sur son nuage, et partit. Mabik, de son côté, courut à l’ânesse. Il retira l’épingle de ses oreilles, et la belle princesse reparut, et lui dit : — Cela va bien ! Cherchons, à présent, les moyens de fuir d’ici, et ne perdons pas de temps. Allons au cabinet de Pharaüs, pour consulter ses livres de magie ;