Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/182

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château d’argent, il vit sur le rivage deux lions qui se battaient, cherchant à se dévorer réciproquement, car ils mouraient de faim. Petit-Louis leur jeta de la viande, à discrétion, et, quand ils furent rassasiés, ils lui dirent : — Merci, Petit-Louis, filleul du roi de France ; nous allions nous entre-dévorer, si tu n’étais venu à notre secours : mais, si jamais tu as besoin de nous, appelle et nous arriverons aussitôt.

— Ma foi ! mes pauvres bêtes, j’ai assez besoin de vous, dès à présent. Le roi de France m’a envoyé ici avec ordre de lui transporter devant son palais le château d’argent de la Princesse aux cheveux d’or. Or, comment pourrai-je jamais le faire, si vous ne me venez en aide ?

— Si ce n’est que cela, sois tranquille, ce sera bientôt fait !

Et les deux lions coururent au château, comme deux enragés, le déracinèrent du rocher sur lequel il était bâti, et le transportèrent, tout d’une pièce, sur le bateau.

Petit-Louis les remercia, et partit aussitôt, emportant le château d’argent de la Princesse aux cheveux d’or.

Quelque temps après, le vieux roi de France, en s’éveillant, un matin, fut bien étonné de voir comme le temps, paraissait beau et clair. Il alla à sa fenêtre : — Holà ! s’écria-t-il aussitôt, Petit-Louis est arrivé avec le château d’argent de la Princesse aux cheveux d’or !