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Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/200

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C’est encore là l’histoire de La Belle au bois dormant, de Perrault, qui ne se réveille, au milieu de la forêt de la nuit ou de l’hiver, que lorsqu’elle reçoit le baiser du héros solaire, c’est-à-dire du soleil printanier.

De même, dans le conte de la Princesse Blondine, la vieille femme qui porte sur sa tête une cruche remplie d’eau, que Cado brise d’un trait, représente encore l’année caduque et vieillie. L’eau qui se répand de sa cruche cassée figure les pluies froides de novembre et décembre, et le tremblement dont est pris Cado s’explique par le froid de l’hiver, qui nous fait grelotter et souffrir, jusqu’à ce que la Princesse Blondine, qui n’est autre chose qu’une Princesse aux cheveux d’or, ou l’Aurore printanière, vienne nous guérir en nous réchauffant de ses doux regards.

Voilà comme les savants expliquent tout cela…

En ce moment, on entendit un frôlement contre les carreaux d’une des fenêtres de la cuisine, avec un cri étrange.

Marie Hulo, qui tournait tranquillement son rouet, près de cette fenêtre, en écoutant l’explication de Francès, jeta un cri d’effroi et laissa tomber sa quenouille à terre.

— Qu’est-ce donc ? demanda Benjamin.

— Je ne sais pas, répondit Marie Hulo, mais cela ressemble beaucoup à la plainte d’une âme en peine.

— Votre cri d’âme en peine, dit Julien, c’est