Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/201

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tout simplement le cri d’une frésaie, qui a frôlé les vitres, du bout de ses ailes, en s’envolant vers les bois de Guernaham.

— Croyez-vous aux âmes en peine, Garandel, et aux revenants qui viennent solliciter des prières et des messes des vivants ? demanda Francès au conteur aveugle.

— J’y crois, répondit-il.

— En avez-vous jamais vu ou entendu ?

— Je n’en ai pas vu, par la raison que je ne vois pas ; je ne pense pas en avoir entendu non plus ; mais, je n’en crois pas moins à certains récits que j’ai entendu faire à quelques personnes, qui étaient sincères, assurément, et intelligentes et même quelquefois instruites.

— Vous n’avez donc pas entendu Soëzik Jaguin raconter ce qui lui est arrivé, demanda Marianna ?

— Et Kéradec, qui est là et qui ne dit rien, demandez-lui s’il croit aux revenants, dit Jean-Marie.

— Comment ! Kéradec aussi, lui qui se moque de tout, a vu ou entendu quelque chose de surnaturel ?

— Oui. dit Kéradec, d’un air grave, j’ai vu.

— Il faut nous raconter cela, dit Francès. S’il fait froid dehors, ici, il fait bon être autour de ce grand feu. Nous sommes du reste en bonne compagnie, et, quoique l’on puisse raconter, personne n’aura peur, je pense, pendant que nous serons ensemble. Voyons