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Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/24

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che, la cruche de cette petite vieille, sans toucher à celle-ci ?

— Nous ne voulons pas l’essayer, répondirent Méliau et Yvon, de peur de faire du mal à la bonne femme.

— Eh ! bien, moi je le ferai.

Et il banda son arc et visa. La flèche partit et brisa la cruche. L’eau mouilla la petite vieille, qui se fâcha et dit à l’adroit tireur :

— Tu as manqué, Cado, et je te revaudrai cela. À partir de ce moment même, tu trembleras de tous tes membres, comme un tremble agité par le vent du nord, et cela, jusqu’à ce que tu aies trouvé la princesse Blondine.

Et en effet, Cado fut, à l’instant, pris d’un tremblement général.

Les trois frères revinrent à la maison et racontèrent à leur père ce qui leur était arrivé.

— Hélas ! mon pauvre fils, tu as failli, — dit le vieux seigneur à son fils aîné. Il te faudra, à présent, voyager jusqu’à ce que tu aies trouvé la princesse Blondine, comme te l’a dit la fée, car c’était une fée que cette petite vieille. Il n’y a qu’elle au monde qui puisse te guérir. Je ne sais quel pays elle habite, mais je vais te donner une lettre pour mon frère l’ermite, qui vit au milieu d’une forêt, à plus de vingt lieues d’ici, et peut-être pourra-t-il te fournir quelque utile renseignement.

Cado prit la lettre, et se mit en route.

Il marcha et marcha et, à force de mettre un pied devant l’autre, il arriva à l’ermitage de