Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/241

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— La belle recrue que nous avons faite là ! dit un brigand.

— Que ferons-nous de lui ? demanda un autre.

— Lui brûler la cervelle, pour qu’il ne nous trahisse pas, dit un troisième.

— Si nous en faisions notre cuisinier, pour voir, car notre cuisinier actuel ne vaut pas le diable, dit un autre.

— Ah ! pour cela, dit Bilz, qui n’était rien moins que rassuré sur son sort, vous trouveriez difficilement un meilleur cuisinier que moi. J’ai servi en cette qualité chez le curé de ma paroisse, et il ne se contentait pas de bouillie et de patates pour ses repas, celui-là.

Il fut donc décidé que l’on essaierait les talents de Bilz, comme cuisinier.

Le soir même, la bande partit pour une expédition importante, qui devait durer plusieurs jours, et Bilz resta seul au château. Il le visita et l’examina minutieusement, des caves au grenier, et partout il trouvait du butin provenant de pillages. À force de fouiller jusqu’aux moindres recoins, il finit par découvrir le trésor du chef. Il fut ébloui, à la vue de tant de richesses, or, argent, diamants et bijoux de toute sorte, et presque tous de grande valeur. Il conçut aussitôt le projet d’en emporter le plus qu’il pourrait, et de retourner avec chez sa mère. Un vieux cheval tout fourbu était resté seul a l’écurie. Il remplit un sac d’or et d’argent, le mit sur le cheval et partit, après avoir mis le feu au château.