Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/264

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choses que je vis dans le palais de cette dame sirène, car j’étais tombé au beau milieu de son palais. Elle me dit de prendre et d’emporter tout ce qui me plairait, dans son royaume. J’en pris la charge de trois chevaux et m’en revins avec ; et c’est tout cela que vous avez vu dans ma boutique, à la foire. Mais, mon bon et gracieux seigneur, vous avez dû remarquer que tout est en argent, et rien en or. Si vos hommes m’avaient jeté un peu plus loin, dans l’étang, je serais tombé dans le palais d’une autre sirène, où tout est en or ; et un peu plus loin encore, habite une troisième sirène chez qui tout est pierres précieuses, perles et diamants. Quel malheur que je ne sois pas allé tomber dans le palais de cette dernière ! Mais, j’aurais tort de me plaindre, car, après tout, mon lot est encore assez beau.

Le seigneur, sa femme et sa fille étaient émerveillés de ce qu’ils entendaient.

— Ainsi donc, Bilz, demanda la dame, si l’on vous avait jeté plus loin, dans l’étang, au lieu des objets en argent que vous possédez, vous en auriez rapporté d’autres, en or ou en pierres précieuses ?

— Bien certainement, madame, répondit Bilz.

— Mais, dit le seigneur, si j’y allais moi-même, penses-tu que ce serait la même chose pour moi ?

— Absolument, monseigneur, et je pense même que, comme propriétaire de l’étang, ces