Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/273

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abandonné, et se mit à pleurer. La nuit vint et il avait faim, et rien à manger. Il fut pris de désespoir, et dit : — Il me faudra donc mourir de faim, au pied de cet arbre, ou être dévoré par les animaux féroces de ce bois ! Ah ! Cochenard, Cochenard, que t’ai-je fait, pour me traiter de la sorte ?… Il ne me reste plus qu’une chose à faire ; c’est de grimper sur cet arbre, et de me jeter ensuite en bas, pour me casser le cou ; de cette manière au moins je ne serai pas mangé vif par les loups, que j’entends hurler là-bas !…

Et il monta sur l’arbre, et, au moment où il s’apprêtait à se jeter en bas, il entendit un lion qui rugissait dessous. Puis, arriva aussi un sanglier, en faisant : oc’h ! oc’h !… Puis, il entendit des hurlements, et un loup arriva quelque temps après.

— Où donc étais-tu resté, loup ? tu es en retard, dit le lion.

— J’étais, répondit le loup, dans la ville de Luxembourg, où hommes et bêtes, tout meurt de soif ; et je m’y suis régalé, je vous prie de croire. Voyez mon ventre I C’est pour cela que j’arrive un peu en retard.

— Je sais bien comment on pourrait avoir de l’eau dans la ville de Luxembourg, dit le lion, et je connais également un remède pour guérir toutes les maladies et toutes les infirmités, quelles qu’elles soient.

— Que faudrait-il donc faire pour cela ? demanda le loup.