Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/274

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Turquin, sur son arbre, prêtait attentivement l’oreille à cette conversation, comme bien vous pensez.

— Eh ! bien, répondit le lion, voici ce qu’il faudrait faire, pour avoir de l’eau à Luxembourg. Il faudrait avoir une racine de l’arbre sous lequel nous sommes présentement, aller à Luxembourg avec cette racine et en frapper trois coups sur un rocher qui est au milieu de la ville, en disant : — de l’eau ! de l’eau ! de l’eau ! Aussitôt il jaillirait de ce rocher une source d’eau claire et fraîche, suffisante pour les besoins de toute la ville, hommes et bêtes.

— Et le remède pour guérir toutes les maladies et toutes les infirmités, quel est-il ? demanda le loup.

— Voici, reprit le lion : il faudrait un morceau de la seconde écorce du même arbre, en frotter la plaie, ou le membre malade, et aussitôt il se retrouverait aussi sain que jamais. Ainsi, un homme, ou un animal, n’importe, fût-il aussi aveugle qu’il est possible de l’être, dès que l’écorce de l’arbre aurait touché ses yeux, il verrait aussi bien que vous et moi. J’arrive en ce moment de l’Espagne. La fille du roi de ce pays, ayant été communier, se trouva indisposée, et en rentrant, elle vomit dans la cour du palais de son père, et rejeta la sainte hostie. Aussitôt, un crapaud sortit de son trou, avala l’hostie, puis, il courut à la fontaine qui est au bas de la cour, et s’y cacha sous une pierre, tout au fond. La Princesse