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Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/276

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chêne et en frotta ses yeux. O bonheur ! la vue lui fut aussitôt rendue, comme si jamais ses yeux n’avaient été malades. Il se jeta à genoux, en face du soleil levant, et remercia Dieu, du fond de son cœur. Puis, il enleva un large morceau d’écorce et le mit dans sa poche, pour guérir les malades, partout où il passerait ; il fouit aussi la terre, avec son couteau, découvrit une petite racine de l’arbre, la coupa et l’emporta également, pour procurer de l’eau aux habitants de la ville de Luxembourg. Il partit, alors.

Il était toujours vêtu misérablement, et, comme il n’avait pas d’argent, il lui fallait demander l’aumône, pour vivre. Il arriva à Luxembourg, après beaucoup de mal, et alla tout droit demander à loger chez le curé de la ville.

— D’où êtes-vous ? lui demanda le curé.

— De la France, répondit-il.

— Eh ! bien, retournez en France, alors ; je n’ai pas de pain pour vous.

Et il lui ferma sa porte au nez.

Il se rendit, alors, chez le maire de la ville, et n’y fut pas mieux reçu que chez le curé. Le préfet également le repoussa, comme le curé et le maire.

— Voyez donc ! se disait Turquin, je viens sauver ces gens-ci, qui sont tous menacés de mourir de soif, et ils ne veulent même pas me donner l’hospitalité et le morceau de pain qu’on ne refuse jamais au mendiant envoyé