Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/59

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vagues et passagères révélations. Celui qui croit indistinctement à toutes les histoires de bonnes femmes, comme on dit, qu’il entend débiter de-ci, de-là, est un sot ; mais plus sot est encore, à mon avis, celui qui ne croit qu’à ce qu’il a vu et touché du doigt, qu’à ce qu’il comprend.

— Bah ! tout ce que vous venez de dire là est sans doute bien savant, car je n’y ai pas compris grand’chose ; mais ce qu’il y a de certain et de clair pour moi, c’est que j’ai l’oreille aussi fine et aussi délicate à saisir les moindres bruits, la vue aussi sûre et aussi perçante que nul autre ici, et dès lors, je ne vois pas pourquoi je n’entendrais pas et ne verrais pas là où ils prétendent entendre et voir. Mais, je le répète, tout cela ne peut exister que dans des imaginations malades ou surexcitées, qui prennent des réalités pour des fantômes, comme dit le maître d’école.

II

— Je n’ai jamais rien vu de surnaturel ; je n’en ai guère entendu davantage, dit Katel, qui tricotait, assise sur le vieux banc-dossier de chêne, près du feu ; pourtant je ne nie, d’une manière absolue, ni les apparitions, ni les bruits surnaturels, et j’ai si souvent entendu de ces récits merveilleux et fantastiques, faits avec tant de conviction et de bonne foi, par