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donna la main pour me conduire, et n’oublia rien pour captiver ma reconnaissance. La soirée se passa en propos galants. Je fus introduite, après le souper, dans une chambre élégante, qu’il m’invita à regarder comme mon bien.

— Elle vous appartiendra tant qu’elle sera de votre goût, ajouta-t-il. Autant vaut que notre ville jouisse de vos charmes qu’une autre ; et je serai glorieux de lui avoir ménagé ce trésor. Dormez, ma belle enfant, reposez-vous de vos fatigues ; demain matin vous me donnerez la mort ou vous me rendrez la vie, que je perdrais en vous perdant.

Que d’actions de grâces je devais rendre à ce généreux bienfaiteur ! Je ne les lui rendis que par mon silence ; il se retira et me recommanda tout le repos qu’il me souhaitait. Je n’eus pas de peine à souscrire à ses offres, et, dès l’instant, j’étais décidée à profiter de ses faveurs. Le lendemain matin il vint recevoir ce bon mot ; et bientôt tout ce qui peut flatter le caprice ou le goût d’une jolie femme fut étalé sur une toilette ravissante.

— Vous êtes reine ici, dit-il, ma belle demoiselle ; régnez sur mes sens et sur mes biens. Je ne serai que votre premier sujet.

Je vis bien qu’il ne voulait m’entretenir ainsi que pour ses plaisirs ; mais il ne méritait pas d’être trompé. Il me croit peut-être pucelle, disais-je scrupuleusement ; s’il savait l’histoire de ma vie, je serais chassée honteusement. Quoi qu’il en soit, je serai honnête ; je lui