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Page:Lyriques grecs - traduction Falconnet.djvu/273

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et redoutables dans les combats. Valeur, adresse, telles sont les vertus qui brillent le plus parmi les hommes. Mais pourquoi imposer à ma lyre et à ma voix la tâche de rappeler tous les titres de gloire d’Egine ? Trop de détails engendre la satiété et l’ennui; bornons donc nos chants au sujet que nous devons traiter.

La gloire que tu viens d’acquérir, ô Aristomène ! attend de ma muse un tribut de louanges; c’est une dette que je brûle d’acquitter, car tu as marché sur les traces de tes oncles maternels, Théognète, vainqueur olympique, et Clytomaque , couronné a l’Isthme pour sa force et pour son audace. Ces deux héros n’ont point à rougir d’un neveu tel que toi. Tu honores la tribu des Midylides , et l’on peut t’appliquer ces paroles mystérieuses et prophétiques que prononca jadis le fils d’Oïclée en voyant, la lance a la main, devant Thèbes aux sept portes, les tiers enfants des sept chefs, lorsqu’ils vinrent, dans une seconde expédition, livrer à cette ville de nouveaux assauts. Ils combattaient; et le devin Amphiaraüs s’écria : « La nature fait briller dans les enfants la magnanimité de leurs pères; je vois clairement, aux portes de la cité de Cadmus, Alcméon à la tête des guerriers, agitant le dragon tacheté empreint sur son éclatant bouclier. Le héros Adraste, frappé de sa première défaite, est retenu maintenant par des augures plus heureux; mais un malheur domestique lui fera payer cher ses succès : seul de tous ses compagnons d’armes, il retournera, par la faveur des dieux, dans la vaste cité d’Abas, avec son armée; mais,ce ne sera qu’après avoir recueilli les cendres de son fils. » Ainsi parla Amphiaraüs. Son fils Alcméon hérîta de lui le don de lire dans l’avenir, et aujourd’hui je couronne sa statue et je célèbre son nom dans cet hymne, parceque du monument qui lui est élevé il veille sur mes biens, et parcequ’il sembla m’annoncer la victoire d’Aristomène quand je partit pour Delphes, centre de la terre.