Page:Lyriques grecs - traduction Falconnet.djvu/495

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ses productions et à exposer les jugements divers qu’en ont portés les anciens, afin de mettre les lecteurs en état de mieux apprécier ses talents.

Également versé dans tous les genres de science et de littérature, il y avait peu de matières sur lesquelles il n’eût laissé quelques écrits, soit en prose, soit en vers. Un savant moderne porte le nombre des livres qu’il avait composés jusqu’à huit mille ; un autre, plus modéré, le réduit à huit cents. Il semble qu’ils aient voulu, l’un après l’autre, enchérir précisément d’un zéro sur le véritable nombre des ouvrages de Callimaque ; car Suidas, auteur digne de foi à cet égard, le fixe à quatre-vingts. On n’en trouve que quarante et un de cités dans les anciens auteurs, encore y en a-t-il plusieurs qui semblent n’avoir dû former qu’un seul et même ouvrage, quoique cités sous des titres différents. De ces quarante et un ouvrages, vingt-deux étaient écrits en prose ; les uns étaient historiques ou géographiques, d’autres concernaient la physique, d’autres enfin paraissent n’avoir contenu que des recherches purement littéraires. Parmi les ouvrages de poésie, il y avait des tragédies, des comédies et des drames satiriques, des fables, des mélanges, l’Hécale et la Chevelure de Bérénice, l’Ibis, dont nous avons déjà parlé, les élégies, enfin les hymnes, et beaucoup d’épigrammes.

Je ne dissimulerai point que la manière dont quelques écrivains assez célèbres ont parlé de la plupart de ces ouvrages, paraîtrait plus propre à nous consoler de les avoir perdus, qu’à nous les faire regretter. Properce semblait quelquefois trouver Callimaque au-dessous de son sujet, dans les poëmes héroïques. Ovide, comme on l’a dit plus haut, lui refusait l’invention, et ne lui accordait que de l’art. Plusieurs critiques anciens prétendaient que le soin scrupuleux avec lequel il s’occupait de l’emploi des mots dégénérait en un défaut insupportable qu’ils nommaient leptologie, sorte d’exactitude minutieuse à marquer des nuances qui affaiblissent les grands traits, et à exprimer des détails que le goût rejette ou que le génie néglige ; c’est ce que lui reprochait formellement Lucien. Un autre personnage, singulier dans son genre, et qui par ses talents et ses lumières mérita de jouer un rôle considérable dans un siècle postérieur à celui de Lucien, pensait encore plus désavantageusement que cet écrivain du mérite de Callimaque ; je veux parler de Sévérien de Damas, qui, au rapport de Suidas, n’avait pu supporter la lecture des ouvra-