Page:Lyriques grecs - traduction Falconnet.djvu/512

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thon, serpent terrible, s’élançait contre toi ; mais bientôt tes coups redoublés et rapides l’étendirent à tes pieds. Le peuple s’écria : « Io, Io Pæan ! frappe ! Latone en toi nous donne un sauveur ! » Depuis ce temps, c’est ainsi que tu fus célébré.

L’Envie s’est approchée de l’oreille d’Apollon, et lui a dit : « Que vaut un poëte, si ses vers n’égalent le nombre des flots de la mer ! » Mais Apollon d’un pied dédaigneux[1] a repoussé l’Envie et lui a répondu : « Vois le fleuve d’Assyrie, son cours est immense ; mais son lit est souillé de limon et de fange. Non ; toutes les eaux indifféremment ne plaisent point à Cérès ; et le faible ruisseau, qui, sortant d’une source sacrée, roule une onde argentée toujours pure, servira seul aux bains de la déesse. »

Gloire à Phébus, et que l’Envie reste au fond du Tartare !


V. EN L’HONNEUR DE DIANE.


Chantons Diane !…… (malheur aux poëtes qui l’oublient !) chantons la déesse qui se plaît à lancer des traits, à poursuivre les daims, à former des danses et des jeux sur la cime des montagnes. Rappelons ce jour où Diane, encore dans l’enfance, assise sur les genoux de Jupiter, lui adressa ces prières :

« Accorde, ô mon père ! accorde à ta fille de rester toujours vierge, et de porter assez de noms divers pour que Phébus ne puisse le lui disputer. Donne-moi, comme à Phébus, un arc et des flèches. Que dis-je ?…… non, mon père, ce n’est point à toi d’armer ta fille ; les Cyclopes s’empresseront bientôt de me fabriquer des traits, de me forger un carquois. Mais donne-moi l’attribut distinctif de porter des flambeaux et de revêtir une tunique à frange, qui ne me descendra que jusqu’aux genoux, pour ne point m’embarrasser à la chasse. Attache à ma suite soixante filles de l’Océan, qui soient toutes à l’âge où l’on ne porte

  1. Le texte dit seulement : « Du pied. »