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Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 1, 1865.djvu/34

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RIENZI.

lonna, se pressant maintenant en lâches autour du forgeron désarmé et hors de combat.

— Oui, tuez-le ! » dit en italien passable mais avec un accent barbare un homme à demi cuirassé, qui ne faisait que d’entrer dans le groupe, et qui était un de ces sauvages bandits d’Allemagne engagés au service des Colonna. « Il appartient à une affreuse bande de mécréants conjurés contre tout ce qui est ordre et tranquillité. C’est un des partisans de Rienzi, et (bénis soient les mages) il l’aide à tourner la tête au peuple.

— Tu as raison, barbare, dit l’obstiné forgeron d’une voix sonore, et de sa main gauche ouvrant brusquement la veste qui recouvrait sa poitrine : Venez tous, Colonna, Orsini, plongez vos fines lames dans cette poitrine, et quand vous aurez atteint le cœur, vous trouverez là l’objet de votre haine commune, — Rienzi et le peuple. »

Comme il prononçait ces mots, dans un langage qui aurait paru au-dessus de sa condition, si une certaine exagération, un certain éclat dans les paroles et les sentiments ne se retrouvaient chez tout Romain une fois échauffé, sa voix retentissante domina sur-le-champ le bruit qui l’entourait et arrêta un instant le tumulte général ; et lorsque enfin ces mots « Rienzi et le peuple » résonnèrent au loin, ils pénétrèrent au centre de la foule toujours croissante, et cent voix y répondirent comme un écho : « Rienzi et le peuple ! »

Mais quelle que fût l’impression produite sur d’autres par les paroles de l’artisan, elle fut aussi visible chez le jeune Colonna. Au nom de Rienzi la rougeur de la colère disparut de ses joues ; il tressaillit, recula, murmura en lui-même, et sembla un moment, même au milieu de ce désordre tumultueux, se perdre dans une capricieuse et lointaine rêverie. Il revint à lui, aux sons mourants des dernières acclamations, et, disant à demi-voix