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A. MEILLET


lisme prédésinentiel zéro aux cas obliques doivent, d’après le parallélisme (type véd. krátvah), avoir une désinence de génitif-ablatif comprenant une voyelle i.-e. e ou o, et l’on a en effet : v. perse piθra, zd fəδrō (cf. zd brāθrō), arm. hawr, gr. πατρός, lat. patris, v. irl. athar, got. broþrs : sauf quelques exemples du génitif véd. usráḥ du thème féminin uṣar- (voc. uṣar) dans le R̥gveda, le sanskrit n’a pas conservé trace de ce type, qui est attendu a priori, et qui est le mieux attesté dans les diverses langues, qui doit par suite passer pour indo-européen. V. sl. matere et lit. moter̃s (ancien moteres, v. F. de Saussure, IF., IV, 456 et suiv.) sont sûrement secondaires avec leurs deux e successifs.

D’après le modèle de skr. sūnóḥ, lit. sūnaũs, got. sunaus, ou de gâth. xvəng (lire huvəng) « du soleil », représentant *suwens, on attend, dans le type qui se fléchissait à l’origine avec vocalisme prédésinentiel e, une finale telle que *-er-s mais, étant donné que le type caractérisé par ce vocalisme prédésinentiel est altéré dans les thèmes en -r et que d’ailleurs le type correspondant *-en-s des thèmes en -n n’est guère attesté, on n’est pas surpris de voir le génitif en *-ers manquer tout à fait. On n’en a aucun exemple valable dans aucune langue ; le composé véd. mātaríçvan- est obscur (v. O. Richter, IF, IX, 247 et n. 4), et l’on a d’autant moins de raison d’y chercher un génitif en *-ers que le thème *māter appartient au groupe des noms de parenté où les cas obliques ont le vocalisme prédésinentiel zéro. L’autre exemple cité par M. Brugmann, Grundr. II2 2, p. 159 d’après J. Schmidt, Pluralbild, p. 223 n., est un neutre, véd. s(û)vàḥ, s(û)vàr, qui semble certain, mais qui ne doit pas être ancien ; car les thèmes neutres en -r- ont leurs cas obliques en -n-, et l’on a en effet gâth. *huvəng cité ci-dessus ; c’est une forme nouvelle dont l’aspect particulier est dû à ce que -uḥ a été évité après un u. Il n’y a pas lieu de conclure de zd narš, sāstarš, ātarš (à côté de āθrō) à un ancien *-arš indo-iranien, puisque dans la vocalisation de l’Avesta récent, *-r̥š est représenté par -arš ; en fait, les gâthâs offrent nərəš, aodərəš, qui indiquent nettement *-r̥š