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ignorent cette forme ancienne, qui avait peu à peu disparu devant la forme concurrente Aivieri ; mais elle devait être bien fréquente dans les anciennes chansons, puisqu'Auhri de Trois- Fontaines, qui écrivait en Champagne de 12^2 k 12^2, n'appelle Aimeri que Nemericus. L'initiale n s'était si bien jointe au nom à' Ai me ri qu'on la trouve dans des textes français même pour d'autres que le héros épique. Le vicomte de Thouars Aimeri IV, appelé Aimericus par Guillaume de JumJêges (et dans tous les textes latins), est appelé trois fois Nainieri par Wace ', et Wace n'a guère pu prendre cette forme que dans les chansons de geste. C'est aussi de là que le nom Nainieri, considéré comme un nom simple, a passé en France, notamment' en Lorraine, où nous en rencontrons deux exemples au xiii^ siècle ^, et dans l'Artois, où il ligure à deux reprises, à la même époque, comme le surnom d'un bourgeois d'Arras appelé Wautier 5.

Le premier des arguments opposés par P. Meyer à ma thèse consiste à dire que la préposition de en au nom d'un person- nage épique en langue d'oc n'est pas admissible. Il s'appuie sur l'absence à peu près complète de cet usage dans Girard de Roiis- silloji. C'est un argument que mon savant ami ne présenterait certainement plus aujourd'hui. Il nous a appris lui-même que le Girard de Roussillon que nous possédons est le remaniement, fait dans le sud du Poitou vers la fin du xii^ siècle, d'une chanson bourguignonne : ce n'est pas là un texte qui puisse prétendre à « faire autorité » pour l'emploi ancien de en en Provence et en Septimanie. En fait, nous trouvons en, na dans les poésies de Guillaume IX (fin du xi^ siècle), dans Marcabrun

��1. Cette remarque a déjà été faite par M. O. Schuitz dans la Zcilschr, fïir roman . Plnlol.,t. XVIII, p. 126.

2. Naiiinierh et Thicdit ces fil i (Ch. lorr. de 12 14, dans N. de Wailly, Nol. et Extr., t. XXVIII, p. 16); Hiiguin le fil Neymeri Barat, citeiii de Toul (charte de 125 1, dans Bonnardot, Charles franc . de Lorraine, pp. 27 et 28). — En citant ces exemples dans la Romania (XXIII, 612), j'ai oublié qu'ils avaient déjà été allégués par K. Hofmann (Ron . Forschinicren, I, 429), à l'ap- pui d'une opinion d'ailleurs peu soutenable.

3. Chansons et dits artésiens, p. p. A. Jeanroy et H. Guy, no XXX, v. 27, et no XXIII, V. 168.

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