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Page:Mélanges de littérature française du moyen âge.djvu/238

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234 LE ROMAN

tère même, insuffisant à la restitution de l'original ; il semble d'ailleurs avoir en commun avec les autres des lacunes qui indiquent que tous dérivent d'un exemplaire déjà défectueux et corrompu. Les sept autres manuscrits, bien que trois (AMP) se rapprochent plus de S et semblent former avec lui une famille (x) en regard de CTR d^) et de D (qui oscille entre a et f), offrent tous des combinaisons de leçons, qui paraissent remonter à des originaux différents '. Dans de telles conditions, la cons- titution du texte est souvent une sorte de divination, dont le résultat n'est presque jamais assuré, et dont la valeur dépend du savoir et de la pénétration de l'éditeur : celle qu'on doit à M.Fôrster n'a pu être menée à bonne fin que par un savant ayant la connaissance la plus approfondie non seulement de l'ancien français, mais de la langue et du style poétiques du xii^ siècle et particulièrement de Chrétien. Il faut d'ailleurs remarquer que, dans ce poème. Chrétien, même en admettant que son texte ait été souvent altéré par les copistes, a certai- nement employé, au moins par endroits, un style plus maniéré, plus difficile et parfois plus obscur que dans aucun autre de ses ouvrages. L'éditeur n'en a que plus de mérite à nous avoir fourni, à l'aide du chaos confus et disparate des leçons de ses huit manuscrits, un texte, sinon partout clair et poli, au moins presque partout lisible et dans la plupart des cas satisfaisant. Ce texte, déjà très louable dans l'édition de 1884, avait été amé- lioré dans celle de 1888, en bonne partie à l'aide des corrections proposées par divers critiques (notamment par MM. Tobler et Mussafia) ; il l'est plus sensiblement dans celle-ci, grâce surtout à la revision à laquelle l'éditeur l'a soumis à plusieurs reprises, soit en le relisant, soit en l'expliquant dans ses cours.

Je n'ai pas tenté de reprendre après M. Fôrster la question, qui paraît inextricable, des rapports des huit manuscrits de Cligès; je me bornerai à examiner soit quelques passages discutés par l'éditeur dans les notes de cette nouvelle édition, soit

��I . Aussi voit-on l'éditeur douter même de cette classification sommaire ; dans la présente édition (p. 189) il en présente comme possible une autre où MP appartiennent à une famille sœur de |3.

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