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264 LE ROMAN

comte de Flandre depuis 11 68. En i[8o, Philippe fut chargé de la régence du royaume de France pour le jeune Philippe II, son filleul. Chrétien ne faisant aucune allusion à ces hautes fonctions dans son panégyrique du comte, il est extrêmement probable qu'il l'a écrit avant 1180'. On peut même limiter avec plus de précision l'époque probable de la composition de Perceval. En 1177, le comte Philippe fit en Palestine une expé- dition, assez ridicule d'ailleurs, dont il revint en 1178% il est à croire que Chrétien, dans son prologue, aurait mentionné ce voyage. Le Perceval étant postérieur à la Charrette, nous ne pou- vons le placer qu'entre 1174 et 11 77, et cette période est en effet, de toute la vie agitée de Philippe d'Alsace, celle où il paraît le plus naturel qu'il ait attiré et entretenu des poètes. En 1173, il avait pris part à la guerre menée par les fils de Henri II d'An- gleterre contre leur père, et, en 1174, avait fait en Angleterre une descente qui se termina par son rembarquement à Nor- wich. Depuis cette époque jusqu'en 1177, il ne paraît pas avoir eu de guerre à soutenir. D'autre part, il semble bien s'être passé en 1175, à sa cour de Saint-Omer^, une tragédie domestique à laquelle sa femme Isabel était mêlée ■*, et après laquelle on ne dut guère y faire faire et y entendre de romans. C'est donc en 1 174-1 175, suivant toute vraisemblance, que Chrétien composa la partie du Conte del ^raal qu'il a écrite (environ 9000 vers) >.

��1. M. Wechssler a écrit (o/>. c//., p. 148-152) toute une petite disserta- tion pour prouver au contraire que Chrétien avait composé le Percevat à Paris, pendant que le comte Philippe y résidait comme régent ; mais ses rai- sonnements ne sont rien moins que convaincants.

2. Rôhricht, Geschichte des Kônîgreichs Jei-usalem, p. 370-575.

5, Philippe, comte de Vermandois, d'Artois et d'Amiénois, en même temps que de Flandre, tenait sa cour aussi souvent à Arras, Amiens ou Saint-Omer qu'à Bruges.

4. Voir Romanîa, t. XVII, p. 591-595 [G. P., La comtesse Elisabeth de Flandre et les troubadours]. Cette femme, Isabelle de Vermandois, paraît être la comtesse de Flandre dont André le Chapelain a recueilli deux « jugements d'amour » {Romania, îoc. cit.) et pourrait bien avoir été la vraie patronne de Chrétien. C'est donc par erreur, remarquons-le en passant, que M. Wechssler, op. cit., p. 149, dit que Philippe n'avait pas une femme chez laquelle on puisse supposer des goûts littéraires.

5. Il avait pu rapporter de son expédition en Angleterre, le livre qu'il

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