Aller au contenu

Page:Mélanges de littérature française du moyen âge.djvu/80

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

6 LITTÉRATURE FRANÇAISE AU MOYEN AGE

��de vassaux atrocement offensés, et même de justice de la part du roi de France \ Je ne crois pas qu'on puisse attribuer aux Normands aucune autre de nos chansons de geste.

Ce n'est pas qu'ils n'eussent sur leurs princes des traditions populaires. L'histoire bien connue des bracelets d'or suspendus à un arbre par Rollon et qu'il retrouva intacts au bout d'un an, tant était grande la terreur qu'inspirait sa justice, nous a con- servé une trace, — presque la seule, — de la survivance de légendes Scandinaves dans le souvenir des immigrés : c'est en effet bien probablement, comme l'a montré M. Joh. Steenstrup, une adaptation de la légende toute pareille du roi Danois Frode « le Pacifique » ^. Le petit-fils de Rollon, Richard « le Vieux », était encore au temps de Wace l'objet de récits populaires qui justifiaient son surnom de Richard « sans peur » ; il a même existé sous ce titre un roman de chevalerie qui semblerait con- tredire ma thèse; mais c'est une très pauvre production du xiv^ siècle, en quatrains monorimes, dont le fond est pris à Wace, et qui a plus tard été continué par le récit d'aventures sans intérêt et de pure invention >. Robert « le Magnifique », fils de Richard III, est devenu le héros d'anecdotes dont plusieurs, surtout parmi celles qui se rapportent à son pèlerinage en Orient, 'lui étaient à l'origine étrangères, et que Wace raconte avec d'autant plus de complaisance qu'il en tenait quelques- unes de son grand père, chambellan du duc ^. Quant à Robert « le Diable », qu'on a voulu identifier avec lui, c'est un héros légendaire qui n'a jamais eu d'existence historique, et dont on n'a fait que fort tard le fils d'un prétendu Aubert, duc de Nor-

��1. Voy. Roniaiiia, t. XVII, p. 276 [G. Paris, La chanson de la Vengeance de Kionl on de la mort de Gnillannie Longue-épee] (cf. t. XXII, p. 576 [c.-r. par G. P. de J. Lair, Etude sur la vie et la mort de Gnillaiime Lo)igue-épée]).

2. Steenstrup, L'établissement des Normands, Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie, t. X, p. 584-385.

3. Voy. Le Roux de Lincy, Nouvelle Bibliothèque blcne (Paris, 1842), et cf. Naetebus, Die in'cht-lvriscJhvi Strophenfornien des Altfriin~osischcn (Leipzig,

189O, P- 90-

4. Vov. Koniania, t. IX, p. 526 [G. Paris, Sur un épisode d'Ainieri de Nar- bonne].

�� �