Page:Mélanges de littérature française du moyen âge.djvu/88

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aujourd’hui dignes de peu de confiance^ comme le Lapidaire de Marbode ’ et le Bestiaire mis en vers français par Philippe de Thaon - et plus tard par Gervaise ’ et Guillaume le Clerc ■^ ; les plus savants alors ne discernaient pas nettement ces fables de la science sérieuse, et les Normands étaient attirés vers ces traités bizarres par l’utilité pratique qu’ils leur attribuaient ou par la moraHté qui y était jointe. Il en fut de même pour l’his- toire : ce qu’ils se firent traduire, outre les chroniques de leur duché, ce furent le faux Turpin > et l’Histoire des rois de Bretagne de Gaufrei de Monmouth ^. Ils croyaient trouver dans ces romans, grâce à l’audace avec laquelle leurs auteurs les pré- sentaient comme des documents d’une incontestable authenti- cité, une information historique très supérieure à celle que les chansons de geste donnaient au vulgaire, et ils goûtaient ainsi sans scrupule les récits fabuleux qui en composaient le tissu. Si les poètes normands ont pris quelque part cà la production épique du moyen âge, c’est dans la partie de cette production qui repose sur des textes latins et reproduit des légendes d’origine antique " ou chrétienne : c’est ainsi qu’Alexandre de Bernai, dont j’ai déjà cité un roman d’aventure fondé sur des

��I Voy. Les Lapidaires français du vioyen âge, publiés par L. Pannier (Paris, 1882, Bihliott)èque de VEcote pratique des liantes études). La plus ancienne traduction en vers du Lapidaire est du commencement du xii^ siècle ; elle a été faite ou dans la Normandie, ou dans le Maine. [Cf. P. Meyer, Les ptus anciens lapidaires français, Roniania, XXXVIII (1909).]

2. Le Bestiaire de Philippe de Thaon, dont on ne possède malheureusement pas encore une édition critique (il a été imprimé par Th. Wright en 1840) [édition critique par Em. Walberg, Lund, 1900; cf. c.-r. par G. P., Roniania, XXIX, 589-92], a été écrit en Angleterre, mais de si bonne heure (1125) qu’on peut encore le regarder comme normand. Il en est de même du Comput àuvcLÎtrat auteur, composé en 11 19 (éd. Mail, Strasbourg, 1873).

3. Imprimé par M. P. Meyer, Roniania, t. I, p. 420-4^3.

4. Reinsch, Das Tbierhuch des Guillaume le Clerc (Tùbingen, 1890).

5. Voy. mon édition d’Ambroise (ci-dessous, p. 87. n. 2), Table des noms, au mot Guarin Fi^ Gerout. Il est vrai que ce Guarin et son clerc Guillaume de Briane sont plutôt des Anglo-Normands.

6. Voyez plus loin ce qui est dit de Wace.

7. Le roman à’Enêas, d’après son éditeur, M. Salverda de Grave (Halle, 1891, t. IV de la Bibliotheca normannica), appartient sans doute plutôt à rile-de-France (voy. Roniania, t. XXI, p. 283).