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92 LITTÉRATURE FRANÇAISE AU MOYEN AGE

Règle de saint Benoit à l'usage des religieuses de son ordre ' ; elles se plaignaient de ne pas comprendre, quand on en don- nait lecture, la règle à laquelle elles étaient assujetties ; elles aussi, elles voulaient s'éclairer : n'est-ce pas en Normandie qu'a été écrit le traité qui a pour titre : Fidcs qiiœrens inteUectiim ' ?

Au même ordre d'idées se rattachent des œuvres qui appar- tiennent à peine à la littérature proprement dite, mais qui doivent être mentionnées parce qu'elles font grand honneur à l'activité intellectuelle et religieuse des Normands, je veux, dire les traductions littérales des deux versions latines des Psaumes. Le meilleur manuscrit, infiniment précieux, de la plus ancienne provient de l'abbaye de Montebourg ; le travail qui a servi de base à toutes paraît avoir été exécuté à Canterbury tout au commencement du xii"' siècle, à une époque où l'an- glo-normand ne se distinguait pas encore du normand '. C'est en Normandie même que doit avoir été composée la traduc- tion des quatre livres des Rois, œuvre d'une haute valeur, faite avec une singulière intelligence et une liberté qui n'exclut pas la fidélité, et qui nous offre un excellent spécimen de notre langue à l'une de ses meilleures époques '*.

Le théâtre religieux du moyen âge est né, sous une forme liturgique et latine, dans les églises de Gaule, et l'église de Rouen est une de celles qui nous en offrent les plus anciens échantillons \ Il est probable que de très bonne heure le goût

��1. La Règle de saint Benoit traduite en vers français par Nicole, publiée par A. Héron (Rouen, 1895, in-8°, extrait des Mélanges de la Société d'histoire de Normandie). Voy. Romania, t. XXV, p. 321-326 [c.-r. par G. P.].

2. Saint Anselme le composa quand il était prieur du Bec, vers 1070.

3 . Sur les Psautiers normands et anglo-normands, voyez le beau livre de M. S. Berger, La Bible française an moyen âge (Paris, Imp. Nat., 1884, in-8"), et les observations de M. Paul Meyer dans la Romania, t. XVII, p. 121-124.

4. Ce texte, publié par Le Roux de Lincy en 1841, appelle une nouvelle édition, surtout depuis qu'on en a signalé dautres manuscrits que celui qui était seul connu (voy. Romania, t. XVII, p. 124-129). Cette constatation a rendu très probable l'origine normande, et non anglo-normande, du texte. [Cf. ci-dessus, p. 49.]

5. Voy. A. Gasté, Les drames liturgiques de la cathédrale de Rouen (Évreux, 1893, extrait Aq\a Revue catholique de Normandie).

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