Il te faut quelque chose de distingué.
Je crois bien… Poste royale !…
Et Tourne-Bride du château du Raincy, où les chasses du prince et les fêtes de Mme de Montesson attirent tout ce que Paris a de plus-z-huppé !… Je voudrais un trait d’esprit.
Un trait d’esprit ?…Si tu mettais : À la Bonne Foi ?
Les marchands de vins en ont abusé.
Au Grand-Cerf !
Ça pourrait me porter malheur ! J’avais bien l’idée de mettre : Au rendez-vous des Braves ! à cause de mon régiment de Picardie, où j’ai-t-été trompette de dragons !
Ça serait gentil ; avec un beau soldat !
Oui ; mais le peintre du village, en fait de héros, ne sait faire que des pâtés et des buissons d’écrevisses !
Ah bah !… À bon vin, point d’enseigne. (Prenant la main de Fanchette.) Et avec une aussi jolie femme…
Minute, monsieur de la Ramée ! ça brûle les doigts. Je suis du régiment de Picardie, moi, et, au premier museau d’amoureux qui viendrait flairer… je tape comme un sourd !
Oh ! le jaloux ! (On entend à gauche un bruit de cors.) Monseigneur qui entre en chasse ! (Vidant son verre.) En route !
Une chaise de poste !
Combien de chevaux ?
Deux !
Deux chevaux et les bricoles !
Bonne chance, compère… Et nous, messieurs, au rond-point de la forêt.
Courons à de nouveaux exploits ;
Le cerf s’ra bientôt aux abois, etc., etc.
Scène II.
Hé ! non, vous dis-je… point de chevaux, remisez la voiture !… Une chambre pour Mme la Comtesse !
Une comtesse ! (Haut.) La plus belle chambre !
Il n’y en a qu’une.
C’est celle-là qu’il faut donner !…
J’cours la préparer !… (À Mme de Presle.) Madame suit la chasse du prince… elle s’habillera sans doute chez nous ?
Oui, mon enfant, et je compte sur vous pour me servir de femme de chambre…
C’est bien de l’honneur…
Joseph, portez mon amazone…
À quelle heure, la voiture de monseigneur ?
Nous ne nous en servirons pas pour retourner à Paris… (À lui-même.) J’en ai disposé. (À Mme de Presle.) Madame la comtesse me donnera bien une place dans sa calèche ?
Sans doute !… Elle doit venir avec les chevaux de selle… Mon coureur nous préviendra.
Un coureur ! une calèche !… Qu’est-ce que je mettrai donc pour enseigne ?
Eh bien !… cette chambre ?
Voilà, monseigneur ! Un coup de plumeau sur les meubles ! un vrai bijou !… (À sa femme.) Tu ôteras le miroir cassé… et le rideau dépareillé !… (À M. de Boulogne.) Tout est absolument neuf. (À sa femme.) Dépêche-toi donc, au lieu de bayer aux corneilles… Moi, je soignerai le pot-au-feu pour le dîner des postillons.
Scène III.
Ces pauvres gens vont se donner un mal !…
Pour vous, Comtesse, ils sont trop heureux… Voici votre mouchoir, votre flacon !
Que d’attentions !… En vérité, mon cher mon-